Pour comprendre les enjeux de l’éducation de l’avenir, il faut prendre en compte la complexité du moment présent et souligner les nouvelles pressions des changements qui s’exercent sur les êtres humains.

Nous vivons, en effet, des révolutions sans précédent. La vitesse des changements est si grande que nous ne savons pas, aujourd’hui, comment sera l’avenir, comment survivre professionnellement, comment préparer nos enfants à relever les défis de 2050. Nous ne savons pas quel monde sera le nôtre dans trente ans. Certaines évaluations, fondées sur l’histoire récente et sur les réalités actuelles, nous assurent que les changements seront plus nombreux dans les trente années à venir qu’au cours des deux derniers siècles.

La vitesse des changements est si effrayante qu’elle peut nous tétaniser face à ces voies nouvelles et inconnues.

Il y a deux cents ans, nous n’avions ni radio ni de télévision et l’accès aux bibliothèques publiques était très restreint. Voilà pourquoi il était extrêmement important, par le passé, de fournir des informations à l’autre dans le contexte scolaire. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les informations ne manquent pas, elles arrivent de partout, sans cesse. En faire une priorité pour les élèves, dans les processus éducatifs actuels, est évidemment inutile. Car ils en sont déjà submergés. Rien ne nous assure que les contenus fournis aujourd’hui aux enfants pourront avoir une quelconque utilité en 2050.

Par ailleurs, la plupart des écoles privilégient encore les compétences techniques, le raisonnement logique mathématique, la linguistique et la mémoire. Nous ne tenons pas compte du développement de nouveaux codes et d’applications logiques, créés pour les calculs, ni des « traducteurs » qui permettront la communication dans toutes les langues plus tôt que nous ne l’imaginons.

L’accélération du changement est si forte et si radicale que nous prévoyons non seulement des changements dans l’économie et dans le travail, mais aussi dans la nature humaine elle-même. Les structures psychiques et cognitives pourront changer et, par conséquent, notre manière de sentir, de penser et d’agir dans le monde aussi. La biotechnologie, la cybernétique, les implants modifieront notre corps et nous vivrons de nouvelles expériences sensorielles. L’éducation d’aujourd’hui ne peut pas ignorer ce tsunami de changements.